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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

maine, et ceci par charité pour eux, dans un temps où la privation des sacremens pouvait imposer un frein puissant et salutaire ; mais la chose a toujours eu lieu sans aucune autre marque de réprobation que celle de la censure pastorale, et sans aucune fulmination d’anathême. La preuve en est qu’on leur administre l’absolution pénitencielle avec la communion, tout aussitôt qu’ils veulent rentrer dans la loi civile qui régit la totalité des autres justiciables du parlement de Paris. Les philosophes, amis et alliés naturels des comédiens, devraient bien nous dire pourquoi c’est toujours à M. l’Archevêque, et jamais au parlement de Paris, qu’ils s’en prennent ? Ils répondent à cela que l’église de Paris devrait changer sa coutume. Mais le premier devoir de l’église est d’éviter le scandale en ayant l’air d’encourager la corruption. Les comédiens sont devenus ou sont restés une sorte de gens la plus abjecte et la plus méprisable du monde. Que les demoiselles de la comédie commencent par réformer leurs habitudes vicieuses ; que les hommes de théâtre ne soient plus adonnés à la crapule, et puis qu’ils s’en aillent présenter une requête au Roi, séant en son conseil. C’est la marche que les encyclopédistes auraient dû leur indiquer, et c’est la seule marche qu’il y ait à suivre.

Jusqu’à la réformation des mœurs parmi les comédiens, je ne pense pas que les Archevêques de Paris doivent les traiter différemment qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici.

Don Luc d’Achéry rapporte qu’au xie siècle les moines de Ferrières, au diocèse de Sens, ne savaient