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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

rien faire brûler dans l’encensoir avec lequel on rend hommage au Roi de France, qu’on n’encense jamais qu’avec du feu, sans parfums ; mais on en met incontinent après pour l’hommage de l’encens qu’on rend à la Reine. Il paraît que la première de ces deux coutumes remonte au règne de Louis-le-Débonnaire, qu’on supposait devoir être empoisonné par une hostie ; et quant à l’autre coutume, on la rapporte assez généralement à l’aversion du Roi Philippe-le-Bel pour l’odeur et la fumée de l’encens, qui le faisaient tomber en défaillance.

Écoutez notre pèlerinage au Mont Saint-Michel.

L’Abbesse de Montivilliers avait une obligation conventuelle à remplir, en exécution d’un vœu qui datait d’une de ses devancières, Agnès de Normandie, tante de Guillaume-le-Conquérant, laquelle obligation consistait à visiter une fois l’église du Mont-Saint-Michel in periculo maris. Cette abbaye du Mont-Saint-Michel est du même ordre et de la même congrégation que celle de Montivilliers. Les deux monastères avaient été richement dotés par les ancêtres de cette Princesse Agnès, et notamment par le Duc de Normandie, Guillaume Longue-Épée. Ces deux églises royales avaient eu longtemps pour Vidames et pour Avoués-porte-glaive héréditaires, les Sires de Malemains, Grands Maréchaux de cette province ; de plus, l’Abbé du Mont-Saint-Michel et l’Abbesse de Montivilliers sont restés Proto-Custodes de l’ordre de Saint-Michel, dont ils possèdent encore aujourd’hui les mêmes colliers que leurs prédécesseurs avaient reçus du Roi Louis XI ; enfin,