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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

gieuse avait porté de son vivant, et qui, suivant la prescription du rituel, était orné d’une pierre violette. Il en était ainsi de sa croix pectorale, qui paraissait tomber d’un ruban violet, au moyen d’une incrustation en lames de feldspath, admirablement bien appliquées. Sa véritable crosse d’or était portée par une figure de génie voilé, qui la tenait haute et à deux mains, derrière et au-dessus de la tête de la figure principale, à qui tous ces enroulemens de feuilles d’acanthe, de découpures fleuronnées, et de perles d’or formaient comme une sorte de couronnement du style le plus noble et le plus gracieux. Il n’y avait en marbre blanc que le visage, les mains, les avant-bras et les pieds mis de la statue, dont le grand voile et la robe de chœur à vastes manches étaient en beau marbre noir. Je n’ai jamais vu de draperies si légères et si largement exécutées. Je me rappelle aussi qu’elle avait sous la tête un coussin de porphyre impérial (c’est-à-dire du plus beau violet), lequel était encadré d’un riche ornement en vermeil ciselé, pour imiter un galon d’arabesques avec ses glands d’or. Ce beau monument du siècle des Valois ne laisse rien à désirer pour la conception ni pour l’exécution. J’ai toujours aimé pardessus tout les compositions du temps de la renaissance, à qui je ne trouve ni la froideur de l’antique, ni la gaucherie du gothique, ni l’afféterie grimacière et tourmentée des monumens d’aujourd’hui. Celui dont je vous parle est un des plus anciens, et peut-être le premier ouvrage de ce grand sculpteur. J’ai vu long-temps après, dans la Romagne, et surtout dans la Toscane, plusieurs tombeaux dont les disposi-