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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Madame de Montivilliers avait à s’occuper du régime ecclésiastique et de la direction temporelle de cette maison, qui avait été privée d’Abbesse pendant plusieurs années, à cause du refus d’admission d’une Dame Hornet de Boisville, que les religieuses ne voulurent jamais recevoir en cette qualité : ceci pour plusieurs motifs, et notamment parce que l’anoblissement de la famille de cette Demoiselle de Boisville était par trop récent. La Cour ne voulut pas opposer la puissance à la résistance en matière de discipline conventuelle, et surtout contre des filles de qualité dont on avait violé les privilèges ; on suivit les voies judiciaires, et la Couronne perdit son procès contre ces Bénédictines, pardevant le Parlement de Rouen qui débouta le Seigneur-Roi. Ma tante avait encore à maintenir la

    Baron de Montmorency, Chevalier des ordres du Roi, lequel était chef de cette famille, et le grand-père de M. de Montmorency qu’on vient de créer Duc-nompair. Elle était veuve en premières noces de Henry-François de Bretagne et d’Avaugour, Comte de Vertus, Pair de France et premier Baron de Bretagne.

    (Note de Mme de Créquy. 1759.)

    Mme de Montmorency avait encore eu pour mari le père du Duc de Sérant d’aujourd’hui. Elle était de la même maison que le Chevalier de Charette de la Contrie, officier de la marine royale et Chevalier de Malte, lequel est à la tête des armées royales en Bretagne. C’est une famille d’ancienne chevalerie, et qui n’est point sans illustration ; car on voit que la dignité de Grand-Sénéchal-d’Épée du Comté de Nantes a été possédée par MM. de Charette à titre héréditaire, et pendant plusieurs générations. Leur nom s’écrivait anciennement Chareste, et c’est celui d’une vieille Châtellenie du Diocèse de Tréguier, de laquelle ils sont provenus. (Note de Mme de Créquy. 1704.)