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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

qui étaient hauts dignitaires de la religion de Malte, et qui ne sortaient guère de leurs seigneuries bénéficiales. Un d’eux, qui était Grand-Prieur de l’ordre, est pourtant venu mourir à Paris, à l’âge de cent deux ou trois ans, si ce n’est de cent quatre ; car il n’avait pas non plus d’acte baptistaire, et même on ne se souvenait pas s’il était né à Marseille où à Montgeron près Paris ; c’était l’un ou l’autre, mais il ne savait lequel des deux, et n’en avait jamais eu le moindre souci[1].

Le comte de Tessé, père de mes grands-oncles, avait été Chevalier d’honneur de la Reine Marie de Médicis, et peu s’en fallut que le Cardinal de Richelieu ne lui fît trancher la tête à cause de sa partialité pour cette princesse ; c’est l’expression dont se servait le G. Prieur ; car avant toute chose, il avait à ménager le respect de la couronne, et ne paraître pas désapprouver la conduite du Roi Louis XIII à l’égard de la Reine sa mère. Il était curieux à écouter sur les derniers Valois, dont il savait des histoires incomparables, et notamment sur le compte

  1. La notoriété publique et la possession d’état ! disaient toujours mes grands parens. — Qu’est-ce que nous avons à faire de leurs extraits de baptême ? Est-ce qu’ils nous prennent pour des paysans ?… Les auteurs de Dictionnaires généalogiques me font toujours rire avec leurs airs d’assurance pour l’exactitude des dates et prénoms ! Je vous assure et vous préviens qu’à l’exception de l’excellent ouvrage du Père Anselme, il n’en est pas un autre en France à qui l’on puisse s’en rapporter et se confier sur la généalogie d’aucune famille française ; mais aussi celui-là fait-il le plus grand honneur à l’exactitude ainsi qu’à l’intégrité de ce savant personnage. (Note de l’Aut.)