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SOUVENIRS

venir Archevêque et Archicomte de Lyon, ce qui comporte la dignité Primatiale des Gaules, avec cent mille écus de rente). Venait ensuite le Commandeur, depuis Bailly de Froulay, lequel était un habile et valeureux officier de marine[1]. On disait, de mon oncle, qu’il ne pouvait plus retourner à Malte, sous peine d’y être décapité, pour avoir insulté le Grand-Maître, Don Raymond de Pérellos, auquel il avait arraché les clés du Saint-Sépulcre, que cette Altesse éminentissime portait suspendues, suivant la coutume, à sa ceinture magistrale. Le successeur de Don Raymond, qui fut un autre Castillan, Don Manuel de Vilhéna, poursuivit longtemps la vengeance d’un pareil outrage auprès de la cour de France, et ce fut avec acharnement ; mais le Roi Très-Chrétien laissa les Chevaliers Maltais se débattre là-dessus, à l’écart de son gouvernement, et ne voulut jamais sévir contre le Commandeur de Froulay, qui n’en parvint pas moins à l’un des premiers bénéfices de son ordre, et des plus riches de

  1. Mme de Créquy signait toujours Froullay, mais il est à remarquer qu’elle n’employait jamais que pour sa signature l’ancienne orthographe de son nom de famille. L’éditeur de ses mémoires est en possession d’une lettre du Duc de Croüy d’Havré, contemporain de Mme de Créquy, lequel y parle de la maison de Croüy et de son château d’Havré, tandis que sa lettre est signée Croy de Havrech. Il en est ainsi dans les lettres du Prince et du Comte de Horn : lorsqu’ils parlent de leur famille, ils écrivent son nom à la mode française, et n’en signent pas moins Hoorne, comme on écrit le nom de cette ville en dialecte Wallon. Sans parler ici des Princes de Brunswyck, qui signent toujours Braounschweich, il y aurait à citer mille autres exemples de la même coutume. (Note de l’Éditeur.)