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SOUVENIRS

cida son É minence à nous envoyer la Croix-Palatine accompagnée de six chanoines de Notre-Dame qui ne devaient pas la perdre de vue, et qui nous arriva dans la chapelle au bruit des tambours et sous une escorte de quarante grenadiers aux gardes-françaises. Toutes les troupes avaient pris les armes sur le passage de la Croix, qu’on apporta sous un dais depuis l’archevêché jusqu’à l’hôtel de Lesdiguières, et tout le peuple suivait en procession. La gazette de Leyde en a parlé pendant plus de trois mois, et pour le surplus des cérémonies et fêtes de notre mariage, ayez la bonté de consulter le supplément au Mercure de France[1].

Il faut vous dire que le jour de notre mariage, les reliques palatines avaient été rencontrées sur la place de Grève, par Mme la Duchesse de Berry qui se faisait accompagner depuis quelques jours par une escouade de cymbaliers qui faisaient un vacarme affreux. Elle n’eut pas l’air de voir la procession pour ne pas s’arrêter dans sa marche, et surtout pour ne pas descendre de sa voiture. Le Cardinal de Noailles en fit l’objet d’une requête à M. le Duc d’Orléans, et le Maréchal de Villeroy cria si haut contre cette usurpation des cymbaliers et du bruit de leurs cymbales dans les rues de Paris, qui

  1. La Croix-Palatine avait été léguée à l’Église de Notre-Dame par le Cardinal de Richelieu, qui s’était fait ouvrir tous les sanctuaires de l’Europe, afin d’en composer ce reliquaire. Il était d’or, en forme de croix latine et magnifiquement orné de pierreries. L’ancien Archevêque de Paris, M. de Juigné, l’avait préservé de la révolutiou de 91 ; il a disparu de l’archevêché pendant la révolution de Juillet.
    (Note de l’Éditeur.)