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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ma tante, la nouvelle mariée, se mit en route pour Vincennes à sept heures du matin, afin de s’y trouver au petit lever du petit Roi. — Qu’est-ce qu’on dit à Paris ? lui demanda la Duchesse de Ventadour ; et comme cette nouvelle Marquise de la Vieuville ne répondait pas, absorbée qu’elle était dans la grandeur et la contemplation de son privilège des entrées de la chambre, le Maréchal de Tessé répondit au Roi (qui avait répété mot à mot la question de sa gouvernante) : — Sire, lorsque ma nièce en est partie pour venir vous faire sa cour, on y disait la première messe.

Ce fut le jeudi de la semaine de Pâques que nous fûmes mariés en grande pompe, dans la chapelle de l’hôtel de Lesdiguières, par le Cardinal de Rohan-Soubise, à qui M. le Cardinal de Luxembourg voulut absolument servir d’assistant ; ce qui fut regardé comme une distinction sans égale, et pourtant la Croix-Palatine était présente à notre mariage, en fait de distinction ! Ma grand’mère avait employé quinze jours à solliciter le Cardinal de Noailles, afin qu’il nous voulût bien prêter la Croix-Palatine, ce qui devait nous porter et nous assurer un bonheur parfait, disait ma grand’mère, et ce dont M. le Cardinal ne disconvenait point. Mais la charité de ce prélat se trouvait combattue par ses obligations de conscience ; il était indécis entre son obligeance et sa régularité, sa bienveillance pour notre famille et sa rigidité comme dépositaire. — Mais, lui disait ma grand’mère, est-ce qu’il est possible d’en faire assez pour M. de Créquy, le dernier de sa maison ? Et voilà ce qui dé-