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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ment et si souvent à son grand-père ?) — J’aimerais mieux épouser Mlle de Breteuil ! avait-il été dire à M. de Laon : — sa cousine a l’air d’un vilain garçon. Je vous supplie de confier la chose à votre ami M. de Rennes, afin qu’il en porte parole au Baron de Breteuil. Je n’ignore pas tout ce que j’y perdrai pour la fortune et pour la noblesse de nos enfans ; mais je veux pouvoir aimer parfaitement celle que j’épouserai. Mlle de Breteuil est ravissante et Mlle de Froulay me déplaît !… (Nous en avons ri de bon cœur et longtemps.)

M. l’Évêque-Duc de Laon n’y comprenait rien, mais la Baronne de Breteuil avait compris, et l’explication qu’elle en fit donner fut tout à la fois convenable et suffisante. — Accordez-moi donc que ce soit la faute de M. de Créquy ! disait ma grand’mère ; car enfin, ma nièce de Preuilly était en grand deuil pour le Roi : il était donc hors de doute, il était visible qu’elle avait encore sa mère ? Ma petite-fille de Froulay, était en habit broché des sept couleurs et de mille fleurs ; qu’est-ce que cela pouvait signifier, sinon qu’elle avait eu le malheur de perdre sa mère et qu’elle ne pouvait porter les deuils de cour ? Je vous le demande, était-il possible de s’y méprendre ? On dirait que les hommes les plus sensés d’aujourd’hui… ? Je n’aurais jamais cru pareille chose du Marquis de Créquy !… Vous me dites à cela qu’Émilie n’a pas l’air d’être la plus jeune et que le Marquis avait toute autre chose à penser qu’à la manière dont les demoiselles portent le deuil ! Mais est-ce que c’est ma faute, à moi ? C’est la faute de M. de Créquy ! c’est uniquement la faute de M. de Créquy !