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SOUVENIRS

Tout le reste des familles ducales ou des autres familles implantées à la cour de France, est du sixième au dixième et dernier rang en fait d’ancienneté prouvée par titres. Il n’y a malheureusement plus rien de ces grandes races historiques de Courtenay, de Lusignan, de Beaujeu, de Poitiers, de Rieux, d’Estaing, de Nérestang, de Coucy, de Chatillon, de Montgommerry, de Xaintrailles et du Guesclin que j’ai vu s’éteindre. Il y a peut-être encore en Bresse un pauvre rameau déchu des anciens Comtes de Châlons ? Si vous en trouvez jamais quelqu’un, souvenez-vous que vous êtes parens ; souvenez-vous que je vous ai parlé d’eux, mon Enfant, et tendez-leur une main secourable, ainsi qu’il est usité dans votre noble et généreuse maison.

Une chose qui m’a toujours donné la meilleure opinion des Noailles, c’est la protection qu’ils n’ont jamais cessé d’accorder à tous les gentilshommes qui pouvaient leur prouver qu’ils avaient l’honneur de leur appartenir, la situation du réclamant et le degré de parenté n’y faisant rien ! Vous entendrez dire également, à propos de la maison de Noailles, qui n’a pas manqué d’envieux, comme il est aisé de le penser, que sa noblesse n’est pas des plus anciennes, et qu’il existe une tapisserie chez MM. de Montmorin (les autres disent un tableau) où le seigneur de Noailles est représenté faisant l’office de maître-d’hôtel, à la table du Seigneur de Montmorin, avec la date de l’année 1593 ; ce qui faisait que les Ducs de Noailles étaient pensionnés par l’aîné des Montmorin qui les obligeait, par malice, à toucher une