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SOUVENIRS

donner signe de vie à sa pauvre mère, qui était demeurée dans une angoisse abominable. — Eh bien, mon enfant, qu’est-ce que vous a répondu Monsieur de Paris ? — Mais, Madame, il ne m’a pas dit grand’chose, et je crois me souvenir qu’il m’a envoyé paître….

Depuis, quand on a su quelle était la légèreté de l’Évêque d’Autun pour l’exécution des commandemens de l’Église, on a pensé qu’il ne s’était peut-être pas acquitté de la commission de sa mère, et plût à Dieu qu’il n’eût pas autre chose à se reprocher pour l’observation du Décalogue !

Ce qui lui a fait le plus d’honneur pendant sa carrière épiscopale, et ce qu’il a fait de plus méritoire en toute sa vie, peut-être, c’est d’avoir poursuivi, comme il a fait avec un zèle infini, la Béatification d’une bonne Religieuse du diocèse d’Autun, qui s’appelait Marie Alacocque, et qui, du reste, avait été la plus vénérable et la plus sainte personne de son temps. M. de Talleyrand m’a fait plus de cent visites, et m’a peut-être écrit deux cents lettres, pour me faire parler de cette bienheureuse fille à M. le Nonce, à M. le Duc de Penthièvre, à Mme la Comtesse de Toulouse, au Baron de Breteuil, à M. de Brienne, à tous les Ministres, à tous les Ambassadeurs d’Italie, enfin à tous les personnages en crédit, où son crédit n’atteignait pas. Vous pouvez juger de l’intérêt qu’il y mettait par la lettre suivante :


Autun, 4 décembre 1788.

« J’arrive icy, Madame. Je ne manque pas à vous rendre grâce de votre bienveillance pour le diocèse, votre protection, je