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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

dition, je sais très-bien que la noblesse de ma belle-fille a plus d’apparence que de réalité ; mais ce que je sais très-bien aussi, c’est que ma famille paternelle est une des quatorze maisons les plus anciennes de la monarchie française. Nous n’avons jamais eu là-dessus, dans aucun temps, ni prétentions exagérées, ni contestations quelconques, et j’ai toujours éprouvé que la généalogie des Sires de Froulay, Comtes de Tessé, qui remonte (par titres authentiques) à l’année 1065, était en possession d’une estime incontestable et d’une confiance universelle. C’est un préambule qui m’a paru nécessaire avant d’entrer dans une suite de discussions que je me trouve à portée d’éclaircir et que je me trouve en résolution d’exécuter. Sauve qui peut !

Il ne faut pas s’imaginer, par exemple, que MM. de Talleyrand soient en jouissance immémoriale du nom de Périgord, et c’est une espèce de révolution nobiliaire, ou, suivant eux, une sorte de réhabilitation que j’ai vue s’opérer sous mes yeux. Il y a vingt-quatre ou vingt-cinq familles de leur province qui sont beaucoup plus anciennes que la leur ; il est assez connu que l’auteur de leur fortune est Mme des Ursins, veuve d’un M. de Chalais : et la vérité pure est qu’ils n’ont jamais pu faire remonter les preuves de leur noblesse au-delà de l’année 1460, tandis que le dernier rameau de la dernière branche de la véritable maison des anciens comtes de Périgord était déjà éteint vers la fin du XIIe siècle ; ce qui fait qu’il se trouverait un abîme à combler entre les deux familles, et qu’il s’en manquera toujours de sept à huit générations pour qu’elles puissent se