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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

se trouvait sous nos yeux ; mais encore aussi tous les insignes de la royauté britannique avec les principaux joyaux de ses trois couronnes. Il ajouta que les Rois d’Angleterre avaient toujours conservé soigneusement et scrupuleusement cette sorte de médailles, et qu’on n’en saurait trouver plus de trois dans tous les cabinets de l’Europe, y compris le Noble-à-la-Rose de la Czarine, qu’elle avait payé 25 mille francs. J’ai su par M. Walpole, et longtemps après, qu’à l’exception de quelques vases et ustensiles du seizième siècle, aucun des prétendus insignes de la couronne d’Angleterre qu’on fait voir à la Tour de Londres, n’est antérieur aux rats de Hanovre, et que tous ces diadèmes et ces joyaux des Édouard et des Richard sont évidemment contrefaits. Walpole me disait aussi qu’on ne saurait se faire aucune idée de l’ignorance et de la jactance anglaises, et que le gardien de ces faux bijoux, qui vous les fait voir à la lueur d’une lampe, au travers d’un grillage, a toujours soin de vous répéter en vous les montrant : — Objet sans pareil ! en or très-pur, âgé de huit cents ans, et autres forfanteries qui faisaient rougir son front de gentilhomme, et qui torturaient son cœur d’antiquaire.

Les anciens honneurs avaient été conservés par le Roi Jacques ; et le Cardinal-Duc d’York, qui est le fils du Chevalier de Saint-Georges et le dernier des Stuarts, ne manquera certainement pas de les léguer au Roi de Sardaigne : c’est le chef de la maison de Savoie qui va se trouver l’héritier du sceptre de Saint Édouard, Dei gratia, sed non voluntate hominum ; et, à défaut de la branche aînée des Princes de