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SOUVENIRS

pas à cette impertinence. Elle a fini par épouser le Prince Frédérick de la Tour-d’Auvergne et Turenne, lequel était frère cadet de son premier mari. Mon père eut assez de peine à leur obtenir des dispenses, attendu que le Pape Clément XI et le Cardinal de Noailles n’aimaient pas ces sortes de mariages. Mais voici du rabâchage, et des mieux conditionnés, si je ne me trompe. Revenons, pour achever mon premier chapitre du Chevalier de Saint-Georges, sur un rare et curieux présent qu’il me fit remettre par le Maréchal d’Écosse, et qui consistait dans un Noble-à-la-Rose.

Ces pièces de monnaie, qui paraissent de facture gothique, sont précisément de la grandeur d’un double-louis, avec moitié moins d’épaisseur et de poids. Elles représentent un chevalier qui est armé de toutes pièces, et qui tient une rose à la main. Le revers en est chargé d’une croix fleuronnée ; et, quoi qu’en aient dit les dissertateurs et les antiquaires hollandais, qui se disputent depuis trois cents ans sur une chose qu’ils n’ont jamais vue, vous pouvez être assuré qu’il ne s’y trouve aucun millésime, ni aucune sorte d’inscription. Ces pièces ont parfaitement la couleur, le poids et la densité de l’or de ducat. Elles marquent sur la pierre de touche ainsi que l’or le plus pur et celui d’Ophyr, par exemple, et si vous les rompez, il en est pour la tranche absolument comme pour la superficie de la pièce. On a toujours dit que ces médailles étaient d’or philosophique, et quant à l’origine ou la date de ce produit du grand-œuvre, dont les héritiers de la Rose de Lancastre ne sont pas restés en possession, ou