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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

du signalé service qu’elle venait de rendre au Roi son fils ; et ce qu’il y eut de charmant, c’est que M. le Régent lui envoya son portrait en marque de satisfaction. Quant à Milord Stairs, on lui ferma sur le nez les seules portes cochères qui lui fussent ouvertes dans tout Paris, et qui n’étaient qu’au nombre de deux ou trois. À la suite d’une machination si coupable et si lâche, il était devenu le mépris et l’abomination du Régent lui-même. S. A. R. ne parla qu’avec irritation d’un pareil forfait : elle y trouvait surtout de l’insolence ! On voit qu’il avait de l’indulgence pour l’Angleterre, et qu’il avait de la bonté de reste, M. le Régent !

Il n’entre pas dans mon plan, ni dans mon cadre, de vous faire le récit de la malheureuse expédition du Chevalier de Saint-Georges en Écosse. Ce fut quelques mois après qu’il se retira dans les États romains, où il a passé le reste de sa vie et où j’eus l’honneur de lui faire ma cour en l’année 1721. Ce fut mon père, assisté du Marquis de Breteuil, qui négocia le mariage de ce Prince avec la petite-fille du grand Sobieski. Nous les retrouverons à Rome, et vous verrez comment la Princesse Casimire Sobieska, sœur de la Prétendante, avait dû se marier avec le Duc de Créquy avant d’épouser votre grand-oncle le Duc de Bouillon. Je vous dirai seulement pour aujourd’hui que son premier mari mourut dix jours après celui de leurs noces, et qu’elle entreprit alors de se faire demander en mariage par M. de Créquy-Canaples. Le pauvre fou, qu’il était, lui fit demander six mois pour y réfléchir, et la bonne envie qu’elle avait d’épouser un Créquy ne résista