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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Saint-Médard, on trouva qu’elle s’était écorché les coudes et les genoux dans sa bière. Enfin les inhumations et l’ouverture des corps est une suite d’affaire où l’on se néglige, el où l’on ne saurait apporter assez de précaution, vous en conviendrez.

J’ai rencontré parfois un certain Marquis de Gomès de Perès de Cortès, y otros, y otros, y olros, avec quarante noms de ses grand’mères et quatre pages de ces otros qui représentent nos et cœtera, lequel allait toujours assister à l’autopsie de ses parens (quand il était en Portugal), et lequel Marquis avait fait continuer ladite opération d’autopsie sur un de ses oncles, en dépit des lamentations et des réclamations du ressuscité. À la vérité, disait-il pour ses raisons, c’est qu’il était question pour lui d’hériter du Comté d’Abrantès ; ce qui n’empêcha pas qu’il ne fût exilé en France, afin de le faire repentir de son impatience et de son opiniâtreté dans la poursuite de ses Condégos-solariégos. Le Maréchal de Tessé nous disait, que pendant son ambassade à Madrid, ce Marquis portugais avait assassiné cinq ou six personnes, mais qu’il se trouvait (le Maréchal) obligé de le recevoir à Versailles, et de l’y traiter honorablement, attendu que le Roi de Portugal avait pris la peine de le lui recommander de sa propre main, parce qu’il était son Condé-Parienté[1].

Mon oncle de Tessé disait toujours que tous ces

  1. Condé-Parienté del Rey Fedelissimo, Comte-Parent du Roi Très-Fidèle. C’est la première classe des grands seigneurs du Portugal. Plusieurs familles étrangères sont en possession de ce titre, à raison de leurs alliances.
    Note de l’Édit.)