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SOUVENIRS

pagnie rendre leurs devoirs à S. A. R.., et voici mot à mot ce que leur dit cette princesse :

« Ceux qui font semblant de méconnaître la clairvoyance, la prudence et le caractère honorable de mon fils, n’avaient pas manqué de montrer une inquiétude impertinente à l’égard du pouvoir que l’abbé Dubois pourrait usurper sur son esprit et dans les affaires publiques. On allait jusqu’à dire que si mon fils avait la faiblesse de lui donner crédit, il en userait inévitablement pour vendre les secrets de l’état aux ennemis du Roi, comme aussi pour trafiquer de l’honneur et de la prospérité du Royaume avec les étrangers. C’est bien là ce que j’avais toujours pensé de cet abominable homme, et mon fils en est convenu sans nulle difficulté : Aussi bien, m’a-t-il fait serment de n’employer jamais ce Dubois en aucune affaire. Je vous demanderai d’en faire part à tous vos parens, amis et connaissances, et vous pouvez dire à chacun que j’en ai reçu la parole d’honneur de mon fils[1]. »

Les quatre vieilles Dames en question ne manquèrent pas de faire circuler cette déclaration rassurante ; ce qui leur a valu de belles moqueries qui n’ont pas duré moins de cinq à six ans, car on y revenait à chaque nouveau tour du bâton de M. le Cardinal Dubois. Quand cet abominable homme est

  1. Le même fait de cette promesse du Duc d’Orléans à sa mère est également rapporté par le Duc de Saint-Simon, l’ami du Régent, pages 229 et 250 du XIIIe volume de ses mémoires, édition de 1829.
    (Note de l’Éditeur.)