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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

nommer aux sièges épiscopaux vacans depuis sa maladie, en disant que c’était une responsabilité majeure, et que son état lui permettant de ne pas en charger sa conscience, il abandonnait cette grande affaire au discernement et à la prudence des conseillers du Roi son petit-fils. Quand on apprit cette manœuvre du Palais-Royal en avancement d’hoirie, on ne manqua pas de s’effrayer sur la nature des choix épiscopaux qu’on avait à prévoir. — Dieu sait, disait le vieux Duc de Lauzun, s’ils n’iront pas jusqu’à donner une mitre à l’abbé Dubois ?…[1].

— Voilà, par exemple, une chose que vous ne verrez jamais, et ce serait une infamie dont M. le Duc d’Orléans est tout-à-fait incapable, lui répondait Mme de Saint-Simon, sa belle-sœur, qui trouvait toujours que toute chose allait pour le mieux quand son mari s’en mêlait. Vous rencontrerez plusieurs femmes comme cela.

Le Grand Aumônier nous dit aussi qu’il avait pris sur lui de proposer au Roi mourant de toucher des malades qui s’étaient rendus à Versailles afin de se faire placer sur le passage de S. M. lorsqu’elle sortirait de la chapelle du château, après y avoir reçu l’Eucharistie. C’était pour qu’ils fussent touchés par le Roi, suivant la coutume qu’il en avait toujours suivie depuis son sacre, et pour tous ses jours de

  1. Antoine-Henry Nompar de Caumont, Duc de Lauzun, Marquis de Puyguilhem, etc. Après la mort de Mademoiselle, il avait épousé Geneviève de Durfort de Lorges. Il n’est mort qu’en 1725. Il devait avoir au moins 90 ans, mais il n’a jamais dit son âge, et peut-être ne le savait-il pas. (Note de l’Auteur.)