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À MON PETIT-FILS

tre père est continuellement occupé de son regiment, de ses gouvernemens et de ses devoirs de grand officier de Madame. Mme votre mère est dans un état de santé si déplorable, qu’il est à craindre qu’elle ne puisse travailler à votre instruction avec autant de suite et d’utilité qu’elle voudrait sûrement pouvoir le faire, et que je l’aurais désiré pour vous. Je suis déjà bien vieille, et je ne me porte pas beaucoup mieux que ma belle-fille ; ainsi pourrai-je vous manquer d’un moment à l’autre, et c’est pourquoi j’ai voulu vous faire profiter de mon expérience du monde en rédigeant et réunissant pour vous quelques observations sur les choses et les personnes de mon temps ; ce que j’ai fait équitablement et consciencieusement, restez-en bien assuré.

Je crois inutile de vous recommander la fidélité pour le Roi ; c’est une obligation dont vous aurez le sentiment et que vous aurez dans le sang, pour ainsi dire, mais ce que je vous recommande, c’est la soumission pour vos souverains ; car alors vous ne courrez aucun risque de leur avoir manqué de fidélité ; ce qui pourrait arriver, sans cela, dans les troubles politiques qui sont à prévoir, et où je crains, malheureusement, que vous soyez appelé à figurer. Je vous recommande le respect envers les Princes du Sang