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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Polybe et d’Acidalius Valens que les trois enfans de Médée ont paisiblement régné dans l’Hellespont.

« E se tu vuoi che’l ver non ti sia ascoso,
» Tutta al contrario l’istoria converti,
» Che i Greci rotti, e che Troia vittrice,
» E che Penelopea fu meretrice[1]. »

Si les philosophes modernes ont obscurci certaines vérités historiques, ce n’est pas avec la même simplicité d’intention que les anciens poètes, et les erreurs qu’ils ont propagées n’ont pas été l’effet de leur crédulité. L’Empereur Julien, par exemple, et sans contredit, est une des personnes les moins recommandables de l’histoire. On l’y voit figurer d’abord comme un grammairien sale et pédant, bouffi d’orgueil scholastique et toujours préoccupé du syllogisme, du paralogisme et de l’antistrophe. On l’y voit toujours extasié d’admiration pour de misérables rhéteurs, le rebut des écoles d’Athènes ; pour des astrologues et d’insolens académiciens dont il endurait les familiarités par hypocrisie de philosophisme ; et si Julien n’avait pas fini par apostasier le christianisme, Voltaire aurait certainement dit de Julien qu’il était un cuistre, un piqueur de diphtongues et le plus crasseux des péripatéticiens ! En outre, comment Voltaire et Dalembert, Diderot, Condorcet et tous ces encyclopédistes, pouvaient-ils ignorer que ce Prince philosophe et tolérant, la gloire de l’empire, du sacerdoce et de l’humanité, pratiquait ouvertement

  1. Ariosto, cant. xxxv.