Page:Créquy - Souvenirs, tome 1.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
SOUVENIRS

couche. Le vieux prince était couvert d’un grand linceul ; il avait l’air et la voix d’un mourant, et la scène était éclairée seulement par quelques cierges qui étaient placés sur une sorte d’autel avec des reliquaires.

— Je me rends à vos ordres, Monseigneur… — Ah ! c’est vous, Monsieur ! J’ai des choses importantes à vous dire ; écoutez-les paisiblement, lui dit son père, et promettez-le-moi. Celui-ci promit tout ce qu’on voulut, et le vieux Prince se mit à le sermonner sur la nécessité de ne plus se raidir contre les Bourbons, qui ne consentiraient jamais à lui former un apanage, à moins qu’il n’eût réduit ses armoiries à l’écusson de Courtenay proprement dit[1].

— Voyez la misère où l’obstination nous a fait tomber, disait son père ; et n’oubliez pas qu’une de nos grand’tantes n’avait su trouver rien de mieux à faire que d’épouser un paysan[2]. Son fils restait immobile.

  1. D’or à trois tourteaux de gueules. Il est a noter que Robert de France, sixième fils de saint Louis, n’abandonna pas ses armoiries patronymiques (qui étaient celles de France) en épousant l’héritière des Sires de Bourbon, tandis que Pierre de France, cinquième fils du Roi Louis le Gros, avait quitté les siennes en s’alliant à l’héritière Isabelle de Courtenay. C’était la raison qu’opposait le juge d’armes au rétablissement des fleurs-de-lys dans les armés des Courtenay, attendu qu’ils les avaient reprises sans en avoir obtenu ni voulu solliciter l’aveu du Roi T.-C., leur chef de famille et leur souverain seigneur.
    (Note de l’Auteur.)
  2. Nicolas Restif, aïeul d’Edme-Nicolas Restif de la Bretonne auteur des Contemporaines et du Paysan perverti, mort à Paris, en 1804, âgé de 70 ans.
    (Note de l’Éditeur.)