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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

passé la porte de la maison. Alors elle entendit qu’on frappait à la fenêtre de la porte qui donnait sur la rue. — « M. le suisse, j’ai fait cette nuit une ou deux lieues sur les toits, parce que j’étais pourchassé par les mouchards. N’allez pas dire à votre maître que ce soit une affaire de galanterie, ni que je sois l’amant de Madame de Bauffremont : vous auriez affaire à Cartouche, et, du reste, on aura de mes nouvelles après-demain matin, par la petite poste. »

Mme de Bauffremont remonta chez elle et fut réveiller son mari, qui lui soutint que c’était un cauchemar et qu’elle avait fait un mauvais rêve ; mais elle reçut, deux ou trois jours après, une lettre d’excuses et de remercîmens tout-à-fait respectueuse et très-bien tournée, dans laquelle était inclus un sauf-conduit pour Mme de Bauffremont, avec un acte d’autorisation pour en délivrer à sa famille. La lettre avait été précédée par une petite boîte qui renfermait un beau diamant sans monture ; et la pierre fut estimée, chez Mme Lempereur, à deux mille écus, que le Marquis de Bauffremont fit déposer pour les malades de l’Hôtel-Dieu, entre les mains du trésorier de Notre-Dame. On voit que dans cette affaire-là tout le monde se conduisit en perfection.

Il y avait une fois dans la capitale d’un beau royaume un gentilhomme qui n’avait pas cent écus de rente, et qui n’en prenait pas moins la qualification de Prince du Sang-Royal.

Tout ce que les Parlemens y pouvaient faire, c’était d’ordonner à tous les Conseillers-Notaires et Clercs-Royaux de leurs juridictions, qu’ils eussent