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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

 
Voye ses ennemis
Toujours soumis !
Grand Dieu, sauvez le Roi !
Grand Dieu, vengez le Roi !
Vive le Roi !

Pour peu que vous en eussiez de curiosité, vous n’auriez pas de peine à vous en procurer la musique, attendu qu’un Allemand, nommé Handel, s’en est emparé pendant son voyage à Paris, qu’il en a fait hommage au Roi Georges de Hanovre moyennant finance, et que MM. les Anglais ont fini par l’adopter et le produire ouvertement comme un de leurs airs nationaux[1]. En revenant de Saint-Cyr,

  1. Ce n’est pas seulement de la part de Mme de Créquy que la critique s’est exercée sur l’origine du God save the King, et sur cette insigne effronterie du compositeur allemand. Deux journaux anglais en avaient déjà parlé dans les mêmes termes. La Gazette de France a déjà indiqué plusieurs documens qui s’y rapportent ; enfin, le journal français la Mode, numéro du 25 juillet 1851, contient un article dont il ne sera pas inutile de reproduire un extrait.

    « On écrit d’Édimbourg que les mémoires manuscrits de la Duchesse de Perth doivent être vendus à Londres pour la somme de trois mille livres sterling. On y trouve une foule de détails intéressans sur la cour de Louis XIV, ainsi que sur celle du Roi Jacques pendant le séjour de LL. MM. BB. au château de Saint-GErmain-en-Laye. En rendant compte de l’établissement de Saint-Cyr, elle y témoigne d’un fait qui n’était pas inconnu en France, mais dont la révélation n’était appuyée que sur le témoignage des anciennes religieuses de cette maison, et c’est à savoir que l’air et les paroles du God save the King sont d’origine française. « Lorsque le Roy Très-Chrétien entrait dans la chapelle, tout le chœur desdites Demoiselles nobles y chantoist à chaque fois