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SOUVENIRS

tirer d’affaire avec plus d’exactitude et moins d’embarras qu’on n’en mettait de part et d’autre à cette petite manœuvre.

À peine étions-nous entrés dans la tribune dite des Évêques, que nous vîmes paraître le Roi dans la tribune royale qui se trouvait en face de l’autel. Il était entré son chapeau sur la tête ; c’était un petit tricorne richement galonné, qu’il ôta pour saluer d’abord l’autel, ensuite une lanterne à grillages dorés où était Mme de Maintenon, et finalement pour saluer Mme la Duchesse du Maine avec nous autres, car nous nous trouvions dans la même tribune et sur la même ligne que S. A. S. sans aucun égard à la différence de son rang. Toute la suite de S. M., ainsi que les Dames et les Gentilshommes de la Princesse sa belle-fille, n’entrèrent pas dans la chapelle de Saint-Cyr, ou du moins ils y furent placés de manière à ce que je ne les aperçus point.

Une de mes impressions les plus ineffaçables est celle de toutes ces belles voix de jeunes filles qui partirent avec un éclat imprévu pour moi, lorsque le Roi parut dans sa tribune, et qui chantèrent à l’unisson une sorte de motet, ou plutôt de cantique national et glorieux, dont les paroles étaient de Mme  de Brinon et la musique du fameux Lully. En voici les paroles que je me suis procurées long-temps après :

Grand Dieu, sauvez le Roi !
Grand Dieu, vengez le Roi !
Vive le Roi !
Qu’à jamais glorieux,
Louis victorieux