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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

faire asseoir, attendu que la Duchesse d’Uzès l’attendait au bas de l’escalier pour aller savoir des nouvelles de leur Génovéfain. Il en guérit, et la Chancelière de Ponchartrain en mourut, ce qui fut pour ma grand’mère un fameux débarras, comme dit le peuple. Elle était costumée comme au temps de la Fronde, avec cinq rangs de cornettes empoissées. Elle avait un habit ouvert ajusté de millerets sur un bas de robe en toile d’argent où l’on voyait toutes les bêtes de l’arche en broderies de relief. On aurait dit la Duchesse de Longueville, et je n’en pouvais détacher mes yeux[1].

Ma grand’mère ne manqua pas d’arriver deux jours après à l’hôtel de Breteuil pour me rendre ma visite, et pour se concerter afin de me mener à Versailles, où l’on trouvait indispensable que j’allasse rendre mes devoirs au Maréchal de Tessé. Il ne venait presque jamais à Paris, et il avait déjà témoigné le désir de me voir en s’étonnant de ce qu’on ne m’avait pas encore présentée à lui, notre chef salique. Il fut convenu que nous irions à Versailles aussitôt qu’on aurait pu rejoindre mon père, à qui

  1. Je vous avais déjà dit que mes grands parens étaient morts avant l’époque de mon entrée dans le monde : ainsi, toutes les fois que je vais parler de ma grand’mère, il est question de Julie-Thérèse Grimaldi des princes de Salerne et de Monaco, Marquise douairière de Froulay. Je crois vous avoir déjà prévenu que j’avais pris l’habitude de l’appeler ma grand’mère, quoiqu’elle ne fût que la deuxième femme de mon aïeul, Philippe-Charles, Marquis de Froulay, Gouverneur du Maine, etc. En outre, elle aurait toujours été notre proche parente, car elle était nièce du maréchal de Tessé, aîné de notre famille.
    (Note de l’Aut.)