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SOUVENIRS

Bruxelles aux enfans de mon oncle, son bienfaiteur, environ huit jours avant sa mort (celle du poète), en leur exprimant sa reconnaissance et ses derniers vœux, de la manière la plus respectueuse et la plus attendrissante. En fait de supercheries de la part de M. de Voltaire, j’en aurai bien d’autres à vous citer !

Milord-Maréchal, pourquoi ne vous dirais-je rien de Milord-Maréchal, puisque toutes les personnes qui vous parleront de l’affection qu’il m’avait inspirée, seront obligées de convenir que nous avons toujours été parfaitement respectables aux yeux l’un de l’autre ? Milord-Maréchal, je n’écrirai jamais ce nom-là sans émotion, était, lorsque je le vis chez mon oncle, un bel Écossais de 24 ans, sensé, sensible et sérieux. Il arrivait d’Angleterre avec une mission des jacobites anglais près des réfugiés, et c’était à l’hôtel de Breteuil qu’il avait des entrevues politiques et qu’il donnait ses rendez-vous aux Ducs de Perth et de Melfort, ses oncles. Si vous voulez avoir une idée de sa figure, vous pouvez regarder ce charmant portrait du beau Gaylus, favori de Henri III, dont vous avez hérité du Connétable de Lesdiguières et qui se trouve encore parmi nos tableaux dans son cadre de vermeil incrusté d’améthystes. (Soit dit en parlant de ce portrait, que Henri III l’avait oublié dans son oratoire à Chenonceaux, et que ce fut |a Reine Louise de Vaudémont, sa veuve, qui en fit présent au Connétable). Le jeune Lord devint amoureux de votre grand’mère, qui était alors une jeune fille, et qui n’était pas non plus dépourvue d’agrémens, à ce qu’on disait autour d’elle. Nous commençâmes par nous regarder avec