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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

qui devint Maréchal de France, et sa mère, qui était Surintendante de la cour d’Angleterre à Saint-Germain, étaient deux fervens jacobiles et deux émigrés de mauvaise humeur. La Maréchale de Thomond m’a pourtant dit une jolie chose, une fois dans sa vie, et c’était qu’au moment de s’embarquer à la suite de cette malheureuse Reine d’Angleterre, Marie de Modène, elle avait promis à une vieille tante qu’elle laissait en Irlande, et qui s’appelait Milady Stuart, de lui donner des nouvelles de leur cousin le Roi Jacques, et de lui bien détailler de quelle manière on allait recevoir les Stuart à la cour de Versailles. Elle se contenta d’envoyer à sa tante un feuillet de ses heures, où se trouvait le commencement du psaume ; « Dixit Dominus Domino meo : sede à dextris meis, doneo ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum. » Rien n’était plus exactement bien appliqué que ce premier verset de nos vêpres. Plût à Dieu que l’application du deuxième verset se fût réalisée contre cet abominable Guillaume de Nassau, à qui j’ai gardé depuis mon enfance un sentiment d’exécration méprisante et d’horreur patriotique qui ne s’est jamais affaibli ! Il me semblerait, et je ne sais plus si j’ai rêvé que le Maréchal et la Maréchale de Thomohd, qu’on appelait alors Milord et Milady O’Bryen deClare, avaient encore une autre fille qui aurait épousé le Duc de Praslin.

Avant d’en finir avec les Breteuil et leurs alliés, il me reste à vous parler de la personne la plus judicieuse, la mieux instruite et la plus affectueuse de la famille ; c’était une des femmes les plus attachantes et les plus intéressantes à bien observer que j’aie jamais