Page:Crépet - Les Poëtes français, t2, 1861.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




OLIVIER DE MAGNY


... — 1560

[1]



« Comme Olivier de Magny, qui vivoit sous le règne de Henry second, escrivoit d’un style assez doux, et mesme assez fleuri pour son siècle, il composa un grand nombre de sonnets sur des sujets difiérens. Mais entre les siens il y en eut un qui passa pour un ouvrage si charmant et si beau, qu’il n’y eut presque point alors de curieux qui n’en chargeast ses tablettes ou sa mémoire. Je ne feindrai point de l’insérer ici tout entier, puisque ses œuvres ne se rencontrent aujourd’hui que fort rarement. Et puis il ne faut pas mespriser ces nobles esprits qui ont tant travaillé à desfricher notre langue, qui estoit avant eux si barbare et si inculte. » Ainsi parle Guillaume Colletet dans son Traité du sonnet ; ce court passage m’a paru bon à citer, parce qu’il marque bien vivement, selon moi, le degré d’honneur où vivaient en ce temps-là les poëtes à la cour de France. Les voilà errant par les galeries dorées, à travers une foule brillante de courtisans amoureux et de beautés parées, empressés à recueillir les confidences de leur génie et à les loger au plus bel endroit de leur mémoire, pour en orner leur esprit et leurs discours. Et n’est-ce point en effet la destinée idéale du poëte, telle que la pouvait réaliser une époque chevaleresque, éprise d’héroïsme et de galanterie, que de vivre honoré parmi les plus grands et les plus belles ; de dicter à tous la loi du beau et du poli, et de servir de truchement aux plus nobles amours ? Les dernières lignes du paragraphe ne sont pas moins à noter, comme indices d’un mouvement heureux dans les esprits et dans les études littéraires

  1. La date de la naissance d’Olivier de Magny étant inconnue, nous ne pouvons lui assigner son rang d’après l’ordre chronologique adopté pour ce volume, mais nous croyons devoir le placer dans le voisinage du groupe de la Pléiade auquel il se rattache.