Théophile de Viau est plus connu sous son prénom de Théophile.
- A Malherbe, à Racan, préférer Théophile,
dit Boileau, — ce vers et l’hémistiche : « Il en rougit le traître ! » tiré de la tragédie de Pyrame et Thisbé que citent tous les traités de rhétorique comme exemple de faux goût, composent à peu près les notions du vulgaire sur le poëte dont nous allons essayer de peindre la physionomie caractéristique. Théophile, si oublié aujourd’hui, fit grand bruit en son temps, comme écrivain et comme libre penseur. Il subit en cette qualité des persécutions dont le prétexte semble obscur, quand on compulse les pièces du procès ; traqué, exilé, emprisonné, condamné à mort et même exécuté en effigie, il eut beaucoup de peine à se tirer sain et sauf des engrenages de la machination dirigée contre lui par un parti puissant, et il mourut jeune dans la retraite que lui avait offerte le duc de Montmorency son protecteur.
Avant de nous occuper du libertin, comme on disait alors avec un sens que ce mot n’a plus, parlons du poêle. Théophile de Viau naquit à Boussères Sainte-Radegonde, en 1590, d’une honnête famille, quoique ses détracteurs l’aient prétendu fils d’un cabaretier. Le manoir paternel, que sa tour signalait d’assez loin aux yeux, n’avait rien d’une auberge, et l’hospitalité qu’on y recevait, bien que frugale, était à coup sûr gratuite ; un des ancêtres du poëte avait été secrétaire de la reine de Navarre ; son oncle, nommé par Henri IV, gouverneur de la ville de Tournon. Tout cela est honorable et décent.
Théophile vint à Paris en 1610 ; il avait vingt ans, et son esprit le poussa bien vite parmi les jeunes seigneurs. Il se lia avec Balzac dont