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SEIZIÈME SIÈCLE.

CHANSON

Souz un laurier triomfant,
Amour regarde la belle,
Puis, fermant l’une et l’autre aile,
Il la suit comme un enfant.

Il repose dans son sein
Et joue en sa tresse blonde,
Frisotée[1] comme l’onde
Qui coule du petit Clein[2] ;

Il regarde par ses yeux,
Parle et respond par sa bouche,
Par ses mains les mains il touche,
N’espargnant hommes ni dieux.

Quand il s’en vient entre nous,
Un soub-ris luy sert d’escorte ;
Mais qui n’ouvriroit sa porte,
Le voyant si humble et si doux ?

Ha Dieu ! quelle trahison,
Souz une fraude tant douce !
Je crains beaucoup qu’il me pousse
Hors de ma propre maison.

  1. Frisée, ondulée.
  2. Le Clain, rivière qui coule à Poitiers.