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SEIZIÈME SIÈCLE.

SONNETS

À UNE AMIE

Las ! Où est maintenant ta jeune bonne grâce,
Et ton gentil esprit plus beau que ta beauté ?
Où est ton doux maintien, ta douce privauté ?
Tu les avois du ciel, ils y ont repris place.

Ô misérable, hélas ! toute l’humaine race
Qui n’a rien de certain que l’infelicité !
Ô triste que je suis, ô grande adversité !
Je n’ai qu’un seul appui, en cette terre basse.

Ô ma chère compagne, et douceur de ma vie,
Puisque les cieux ont eu sur mon bonheur envie,
Et que tel a esté des Parques le descret ;

Si, après nostre mort le vrai amour demeure,
Abaisse un peu les yeux de leur claire demeure,
Pour voir quel est mon pleur, ma plainte et mon regret.


À MA QUENOUILLE

Quenouille, mon soucy, je vous promets et jure
De vous aimer toujours, et jamais ne changer
Vostre honneur domestic pour un bien estranger
Qui erre inconstamment et fort peu de temps dure.