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NICOLAS RAPIN


1535 — 1608



Celui-ci, plus que tous les autres auteurs de la Satyre Ménippée, plus que Passerai, plus que Pithou et Florent Chrestien, plus même que Gillot le conseiller, et son ami, fut un homme de parti. Non qu’il fût un grossier soudard d’instinct et d’allure, non pas même qu’il fût né ambitieux, avide d’honneurs ou d’argent, ni qu’il aimât les intrigues, la fièvre politique et les troubles comme la plupart des gens de son temps. Au contraire, il était né poëte et savant, épris des lettres latines et grecques, amoureux des dactyles et des spondées, d’un caractère doux, enclin à la rêverie, ne prisant rien tant que la solitude et la vie de famille, estimant l’amitié le plus précieux de tous les biens.

Mais son époque et son caractère furent les arbitres de sa destinée.

D’abord il fut, comme Passerat, un disciple de Cujas. Dans Poitiers, bonne vieille ville, cité gauloise dont les enfants ont gardé le culte et le souvenir des beaux temps des légistes, Nicolas Rapin acheva ses études de droit et se fit recevoir avocat. Le Scaligerana prétend qu’il était fils d’un prêtre. Cela ne se put jamais prouver et c’est bien à tort que Bayle admit cette billevesée. Comment encore a-t-on osé insinuer qu’il fut haï des catholiques ? Ce qui est certain, c’est qu’en 1570 il était maire de Fontenay-le-Comte en Poitou, où il ne demandait qu’à vivre au milieu de ses sept enfants, et que les Huguenots, devenus maîtres de la ville, le forcèrent d’en sortir. L’avocat poëte s’enfuit traînant sa progéniture et son épouse chérie, conjuge cum chara pignoribus gue septem. Nous le verrons bientôt à Paris. Y sera-t-il plus heureux ?

A Fontenay il avait acheté une charge de judicature. Tant d’enfants