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CHARLES FONTAINE


1515 — 1588



Charles Fontaine doit peu compter dans l’histoire de la poésie française, tant par son savoir et ses idées que par ses œuvres. Ses poésies, à part quelques cris éloquents sur la mort de sa sœur, sur la naissance de son fils, etc., ne sortent pas d’une médiocrité correcte, honorable pour un homme de lettres, mais insuffisante pour un poëte. Il s’y montre un élève trop sage de Clément Marot, qui fut en effet son maître et qu’il défendit contre les insultes rimées d’un sieur Leblond de Bronville, méchant homme et méchant poè’te. Les sentiments de Charles Fontaine étaient sages et modérés comme sa verve. 11 prit dans sa Contr’amye de cour la défense des amours honnêtes contre l’opinion de La Borderie, autre élève de Clément Marot, qui, sous le titre de YAmye de cour, avait chanté l’amour libertin : véritable tournoi de galanterie, où Antoine Heroët, plus tard évoque de Digne, rompit la première lance en faveur de l’amour platonique*. Ui ? débat plus sérieux, et où Charles Fontaine put manifester du moins avec quelque avantage ses qualités personnelles de jugement et de goût, est celui qu’il soutint contre Joachim Dubellay, en réponse à son discours de V Illustration de la langue françoise. Dans ce discours, qui fut comme le manifeste de la grande école lyrique de la Renaissance, Du Bellay, injuste, comme

1 On a rassemblé en 1544 dans un volume publié à Paris, chez Gilles Thibaut, les pièces de ce débat poétique, en y joignant VAndrogyne de Platon ^ du même Heroët ; le Mespris de la Cour et V Expérience, de Paul Angiers, poëme apologétique pour Heroët contre La Borderie. (V. leCata/oâfuade VioUet-le-Duc, n* 25.) — En 1549, les mé^mes pièces reparurent à Lyon sous le titre à’Ojtuscules poétiques et augmentées du Nouvel Amour, de Papillon, de sesDiscours (en vers), et du Voyage à Constautinople, de La Borderie.