années de la vie poétique du Moyen-Age. Je ne crains pas d’affirmer, en effet, que la période de Louis XII recueillit et mit en rimes tous les élans qui avaient agité l’intelligence française depuis la seconde moitié du xive siècle. Je l’ai prouvé, en très-grande partie, dans les pages qui précèdent ; une démonstration plus complète sort de notre cadre, et je vais m’arrêter ici. A partir de François Ier, la vieille poésie ne vit plus ; elle fait durer son agonie, mais elle la fait durer, pour ainsi dire, logiquement ; et si elle rampe plus qu’elle ne marche, du moins ne sort-elle point de cette double tradition, l'une théologique, l’autre railleuse, qui a dominé tout le développement littéraire des siècles précédents. Jusqu’à Malherbe, partout où l’on verra la gravité froide, sermonneuse, réfléchie, ou bien la satire brutale, grossière, hardie, on peut s’arrêter et scruter, on retrouvera l’influence du Moyen-Age ; et tous ceux qui, soit pour prêcher, soit pour se réjouir, rimeront sans souci du sentiment, sans s’inquiéter des élans de la tendresse et en dédaignant l’analyse du cœur amoureux, ceux-là senties inévitables imitateurs de ces poëtes bourgeois que nous venons d’étudier.
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POÉSIES ANONYMES.
C.-D. d’Héricallt.