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SEIZIÈME SIÈCLE.




POÉSIE PIEUSE




GUILL. FLAMENC, OL. CONRARD
FRÈRE ESTIENNE DAMIEN, ETC.


Les tendances graves et réfléchies qui dirigent les poètes de cette période du xvie siècle, l’instinct charitable et sagement réformateur, le désir qui apparaissait partout d’élever le sens moral, expliquent logiquement la grande influence que le catholicisme exerçait alors sur la littérature. La poésie pieuse trouvait dans de tels instincts l’aliment naturel de son inspiration, et ce fut entre nos poètes et la dévotion un échange de bons procédés. Ils accueillirent la Muse pieuse avec une sympathie dévouée ; celle-ci, à son tour, conserva une grande partie de leurs formules poétiques après qu’ils eurent disparu, et elle ne se laissa pas aisément revêtir des nouveaux ornements que les écoles suivantes mirent à la mode. Elle fut la dernière amie des poètes bourgeois. Elle et la Muse populaire, voyageant ensemble dans une entente cordialement batailleuse, comme saint Pierre et le Jongleur, représentèrent bien longtemps encore les deux grandes traditions qui avaient dirigé la littérature au Moyen-Age.

Je ne chercherai pas ici les éléments poétiques apportés par la foi dans l’école que nous venons d’étudier ; je dirai seulement que les matériaux d’une telle étude nous seraient fournis surtout par les œuvres mystiques de Gringore, de Jean Parmentier, et d’un autre poëte, Michel (de Tours), dont nous allons bientôt parler. Après eux, je nommerai Guillaume Flamenc, chanoine de Langres (Dévote exhortacion pour avoir crainte du jugement de Dieu)^ Jean du Chastel, Olivier Conrard, cordelier (Miroir des Pécheurs), et l’auteur (peut-être Charles de Croy, peut-être Estées) qui, sous le pseudonyme du Riche en Povreté, com-

1 Nous devons dire que Marot fit de ce pseudonyme le titre d’une de ses pièces.