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OCTAVIEN DE SAINT-GELAIS


1466 — 1502



Octavien de Saint-Gelais ne sortit pas, comme la plupart des poètes ses contemporains, des rangs du peuple ni de la bourgeoisie. Il était de noble maison, et si sa vie, abrégée par les plaisirs de sa jeunesse, fut courte, elle ne cessa jamais d’être heureuse selon le monde. Sa famille, établie en Angoumois, se vantait de tenir aux Lusignan. Un frère de son père, Jean de Saint-Gelais, qui fut vaillant capitaine et chroniqueur sensé, faisait grande figure à Cognac à la cour du père de François Ier. On a cru à tort jusqu’ici qu’il était le propre frère d’Octavien ; il n’était que son oncle, et c’est par erreur qu’on l’a mis au nombre des enfants de Pierre de Saint-Gelais, marquis de Montlieu et de Saint-Aulaye, et de Philiberte de Fontenay, qui n’eurent pas moins de sept fils. Achille, Regnault et Alexandre vécurent à l’armée ou dans leurs terres, mais les autres sont demeurés plus en vue ; Merlin a été premier maître d’hôtel de François Ier ; Charles, qui traduisit les chroniques de Judas Machabée, fut archidiacre de Luçon et protonotaire apostolique ; Jacques, son jumeau, fut évêque d’Uzès, et ce fut lui qui fit construire dans la cathédrale d’Angoulême la chapelle de Notre-Dame-du-Salut ou de Saint-Gelais, où il se fit enterrer à côté de son frère Octavien. Tous reçurent à Paris l’éducation la plus brillante dans le collège de Sainte-Barbe, qui était alors dans tout son éclat ; tous s’y distinguèrent par leur ardeur ; un de leurs parents, Guy de Fontenay, fécond grammairien et régent de Sainte-Barbe, les traite de litterarum sititores cupitoresque, mais pas un n’en profita autant qu’Octavien.

Ses premiers ouvrages furent des traductions en vers. L’Odyssée d’Homère, qui n’a pas été imprimée, a été peut-être traduite ou du moins revue sur l’original, puisqu’on 1559 il était de tradition que