C’est au IXe siècle que nous découvrons dans ses premiers docu-
ments authentiques, dans les fameux serments de 842, l’idiome vul-
gaire qui se formait à côté, et pour ainsi dire au-dessous du latin.
C’est au XIIe siècle seulement que nous pouvons faire commencer
l’histoire de notre littérature nationale. Dans le long intervalle qui
sépare ces deux époques, l’idiome populaire qui s’appelait le roman
n’a pas été complètement stérile, mais les rares productions qui sont
parvenues jusqu’à nous suffisent à peine à nous faire connaître les
destinées diverses qu’il subit et les progrès qu’il accomplit avec len-
teur. A mesure qu’il s’éloigne davantage du latin, qu’il revêt des
formes plus distinctes, des caractères plus tranchés, il se divise en
un grand nombre de dialectes. Parmi ces dialectes, il en est deux
principaux : l’un qu’on a nommé la langue d’oïl, règne au nord de la