Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans le Corsaire-Satan, Baudelaire aborda un nouveau genre, la critique littéraire, par des articles courts, mais substantiels et pleins d’idées originales. Ce furent d’abord de simples comptes rendus des œuvres de ses amis tels que : les Contes normands de Jean de Falaise, 4 novembre 1845 ; Romans, Contes et Voyages de Arsène Houssaye (janvier 1846), Prométhée délivré, de N. de Senneville (pseudonyme de Louis Ménard, un de ses camarades de collège).

Il était en pleine veine de travail, et l’année 1846 fut une des plus fécondes de sa carrière, car il y publia successivement, outre l’étude sur le Prométhée délivré, deux articles de critique d’art : Le Musée classique du bazar Bonne-Nouvelle (Corsaire-Satan, 21 janvier 1846) ; le Salon de 1846 (in-12 de six feuilles) [1] ; et une

    ses cheveux blancs devant quiconque s’avisait de venir se plaindre des vivacités de la rédaction. » M. Lepoittevin Saint-Alme a été mis en scène par Champfleury dans ses Aventures de mademoiselle Mariette. Les rédacteurs du Corsaire-Satan n’écrivaient guère que pour la gloire. Une note de M. Prarond dit expressément que leurs articles étaient payés un sou et six liards la ligne. C’est là que Baudelaire se lia particulièrement avec Banville, qui avait déjà donné les Cariatides, et avec Champfleury dont « il partageait les idées en peinture, en théâtre et en musique » comme l’a écrit le chef de l’Ecole réaliste, — et un peu moins en littérature.

  1. La couverture du Salon de 1846 annonce, pour paraître prochainement : De ta peinture moderne ; David, Guérin et Girodet ; Les Limbes, poésies ; Le catéchisme de la femme aimée. Asselineau raconte, dans ses Baudelairiana (V. à l’Appendice, VIII), comment les Fleurs du mal durent s’appeler