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Gautier [1]. À la même époque, son ami Deroy l’avait introduit dans des ateliers de peintres et de sculpteurs, où sa conversation, qui reflétait un esprit libre et puissant, lui avait valu le meilleur accueil. Enfin, la fréquentation assidue des cafés du quartier latin avait achevé d’initier Baudelaire à la connaissance du milieu artistique le plus vivant qu’il y eût à Paris. Au café Tabourey, notamment, il avait rencontré des critiques qui faisaient autorité, et, avec eux, il avait étudié les doctrines des diverses écoles et les principes techniques des arts plastiques [2]. M. Prarond insiste sur ce côté très important de la vie intellectuelle du poète :


« Dès ce temps-là (1842-1845), Baudelaire se préoccupait autant de peinture que de poésie. Je l’ai suivi quelquefois au Louvre devant lequel il passait rarement sans entrer. Il s’arrêtait alors, de préférence, dans la salle des Espagnols [3]. Il avait des toquades, était très attiré par un Teotocopuli [4], entrait pour

  1. Théophile Gautier a raconté tout au long cette première rencontre dans sa belle Notice des Œuvres complètes.
  2. M. Julien Lemer l’a vu un peu plus tard, vers 1846, au divan de la rue Le Peletier, où il se faisait remarquer par l’attention assidue qu’il prêtait aux discussions d’esthétique et aux théories d’art de Chenavard, de Préault et autres causeurs éminents. (Le Livre, 10 mai 1888.) Dans ses Souvenirs de jeunesse, Champfleury parle aussi des promenades qu’il faisait au Louvre avec Baudelaire. Le Bronzino avait alors les préférences du poète.
  3. Le musée Standish. La couleur vigoureuse et sombre des maîtres espagnols, surtout les scènes de torture et de martyre, qui répondaient à certains côtés de son imagination, avaient pour Baudelaire un puissant attrait.
  4. Merveilleux portrait de jeune dame, représentée la tête et la poitrine enveloppées de fourrures. Mme  Paul