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capital, dont il avait le dépôt, assura au poète la subsistance quotidienne.

Pour se faire plus vite un nom, Baudelaire eût pu commencer par publier un certain nombre de poésies dès lors composées. Mais ce fut par un travail de critique d’art qu’il débuta.

Enfant, il annonçait déjà, on l’a vu plus haut, une prédilection singulière pour les « images ». Il avait connu, de tout temps, quelques artistes amis de son père, tels que Ramey et les deux Naigeon. Plus tard, à l’hôtel Pimodan, il s’était trouvé avoir pour voisin et bientôt pour intime Fernand Boissard, peintre, poète, musicien, dilettante accompli. Dans le somptueux salon de Boissard, où se tenaient les séances du club des Haschischins, il avait rencontré Théophile

    justice, et, passé les premiers bouillonnements de sa jeunesse, c’est une très sincère et très reconnaissante affection qu’il avait vouée à M. Ancelle (V. les Lettres.) Mme Aupick, elle aussi, témoigne, dans ses lettres, du dévouement qu’apportait le notaire à remplir ses fonctions, rendues difficiles souvent par le caractère entier du poète, et du culte qu’il garda à la mémoire de son pupille. Nous lisons, dans un billet inédit qu’elle adresse à Charles Asselineau dans les premiers mois de 1868, alors que celui-ci prépare la publication des Œuvres complètes : « Cet ami si dévoué et grand admirateur de son pupille, pour lequel il avait un sentiment tout paternel, ne sait que depuis peu que la publication n’aura lieu qu’en octobre. J’ai eu le tort d’avoir beaucoup tardé à le prévenir de ce retard ; et c’est avec peine que j’ai appris qu’il allait flânant à la boutique de Lévy et guettait à travers les vitres, s’il verrait les Fleurs du Mal. »