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ses plus tristes expériences la matière de quelques-unes de ses plus belles œuvres [1].

  1. On trouve çà et là, dans les œuvres de Baudelaire, des noms de femmes ou des désignations de personnages féminins.
    Sur plusieurs, nous n’avons aucune indication : telles J. G. F., à qui pourtant sont dédiés les Paradis Artificiels et l'Heautontimorouménos, — Marguerite, Agathe, la belle aux cheveux d’or, la Géante, etc.
    Par contre, nous savons que Sisina (Fleurs du mal. LX), était une amie de Mme  Sabatier (V. ch. viii), et s’appelait de son nom Mme  Niéri (lettre du 2 mai 1858), et que la mendiante rousse (CXII), — nous l’avons dit déjà, — avait fourni l’occasion d’un portrait à Deroy et d’une ode à Banville. Quant à la Berthe à qui est dédiée la pièce XCVI des Fleurs (Les yeux de Berthe), faut-il y voir celle dont M. Féli Gautier a publié le portrait dessiné par le poète, avec cet envoi de sa main : « À une horrible petite fille, souvenir d’un grand fou qui cherchait une fille à adopter, et qui n’avait étudié ni le caractère de Berthe, ni la loi sur l’adoption ? » Nous n’oserions conclure à l’affirmative absolue, car c’est vers la fin de sa vie, croyons-nous, que le poète rencontra la Berthe du portrait, tandis que c’est à l’année 1843 que M. Prarond rapporte Les yeux de mon enfant, titre primitif de la pièce XCVI. Reste cette hypothèse cependant : Baudelaire aurait dédié à Berthe des vers écrits depuis vingt ans. Elle trouve peut-être quelque vraisemblance dans le fait que cette pièce, si justement célèbre, parut pour la première fois en 1864 (Revue Nouvelle, Ier mars).