De parti pris, il n’a voulu voir chez les femmes qu’il a aimées, fût-ce un seul jour, que leur grâce et leur beauté, sans souci de leur intelligence, ni même de leur moralité. C’est ce qui explique ces vers célèbres des Fleurs du mal :
Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S’éprenant d’un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l’amour mêler l’honnêteté [1] !
C’est encore en vertu de cette indifférence morale, dont il s’était fait une règle de conduite, que, dans le poème intitulé Madrigal triste, il dit à une maîtresse :
Que m’importe que tu sois sage ?
Sois belle et sois triste [2] !…
Il faut voir une véritable profession de foi dans ces vers d’une si réelle et si étrange poésie :
Que tu viennes du ciel ou de l’enfer, qu’importe,
Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton œil, ton souris, ton pied m’ouvrent la porte
D’un Infini que j’aime et n’ai jamais connu ?
- ↑ Les Fleurs du mal, première édition, p. 194 (Femmes damnées).
- ↑ Fleurs du mal, éd. des Œuvres complètes, p. 220.
Gérard, un des personnages du roman, pour lequel Baudelaire a certainement posé, dans l’intention de l’auteur.)
« Il prisait peu la causerie féminine, et à un de ses amis récemment marié, qu’il visitait quelquefois le soir, il disait, vers neuf heures : Il est tard, envoyez donc coucher votre petite femme ; on ne peut causer avec ces gentils petits oiseaux là. » (Le Gaulois, 30 septembre 1886, article signé Ange Bénigne. (Mme P. de Molènes.)