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IV



Dans le cœur d’un jeune homme, l’amitié est, de tous les instincts de tendresse, le premier en date ; ce n’est pas le plus puissant ni le plus impérieux. Il en survient vite un autre, qui le relègue au second rang.

Baudelaire a aimé, lui aussi, sans aucun doute [1], mais à sa manière. De peur d’être tyrannisé par la passion, il se traça une règle de conduite, dont il ne se départit jamais. Il fit à l’amour une large part dans sa vie, mais il ne lui laissa jamais subjuguer ni son cœur, ni sa pensée.

Une de ses premières maîtresses paraît avoir été cette Sarah, dont une note de M. Prarond a révélé l’existence [2], mais qui ne mériterait pas une mention, si

  1. Des intimes du poète, M. Nadar et Louis Ménard notamment, plusieurs de ses fervents, le prince Ourousof, Léon Deschamps, M. Jean de Mitty ont soutenu ou admis que Baudelaire mourut vierge. J’ai dit ailleurs ce que je pensais de cette légende (V. Un amour de Charles Baudelaire Journal, 3 mars 1902). Je la mentionne néanmoins ici, vu l’autorité de ses adeptes et le capital intérêt qu’elle revêtirait… si elle ne restait une légende, d’ailleurs ingénieuse.
  2. V. plus haut. Voir aussi à l’Appendice, I, les pièces de vers de MM. Prarond et Dozon.