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qu’on le rencontrait aux alentours de son île Saint-Louis, promenant dans ces quartiers déserts et pauvres un luxe de toilette inusité[1]. »


Ce n’était pas seulement, on le voit, l’excentricité de sa toilette, c’était surtout sa physionomie si caractéristique qui attirait et retenait les regards pendant que sa conversation pleine d’originalité achevait de lui conquérir l’attention de tous ceux dont il souhaitait l’estime.

Il était dès lors lié avec Théophile Gautier et s’était fait présenter à Victor Hugo[2].

    Arts. Eugène Delacroix, Théophile Gautier, Louis Bouilhet, le sculpteur Etex, l’éditeur Poulet-Malassis et d’autres célébrités se fournissaient là aussi. Camus s’intitulait, avec un vif orgueil : « Chapelier des Belles-Lettres. » (Le Petit Bleu de Bruxelles, 31 août 1901.)

  1. Un trait à relever dans ce portrait, comme dans les notes de ses amis de jeunesse, c’est sa tournure svelte et l’air délicat qu’il perdit promptement. C’est aussi le seul portrait où Baudelaire soit représenté avec ce célèbre habit noir, en queue de sifflet, qui fut un moment son costume favori (Voy. Vie de Baudelaire, p. 8-11).
  2. Voir le récit que Gautier, dans la préface des Œuvres complètes, fait de sa première rencontre avec Baudelaire. V. aussi de Mme Judith Gautier, Le second Rang du Collier, (Félix Juven, éd.,) où l’auteur conte avec beaucoup d’esprit quelques anecdoctes sur notre poète. — « Il affectait déjà de détester Lamartine et parlait d’Hugo avec une retenue déférente, mais sans passion enthousiaste. Lui, qui récitait beaucoup, disait peu de vers d’Hugo. Il s’était fait introduire cependant à la place Royale. Hugo, très habile d’ordinaire à renvoyer tous ses visiteurs contents, n’avait pas compris le caractère con-.