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« L'île Saint-Louis nous paraissait un pays bien plus perdu que l’île Maurice. — « Vous vous ennuierez si loin, lui disais-je. — Non, répondait-il, le renard aime son terrier[1] »

Il sembla d’abord que ses amis eussent prévu juste, car il ne tarda pas à quitter son quartier latin pour aller demeurer au cœur du faubourg Saint-Germain, rue Vanneau ; il lui revint pourtant bientôt, et s’installa dans le voisinage de son premier domicile, quai d’Anjou, à l’hôtel Pimodan, où il devait séjourner plus longtemps, deux ans peut-être.

Th. de Banville, dans ses Souvenirs, a fait une très intéressante description de ce logis. Asselineau (Vie de Baudelaire, pages 7-8) en a parlé aussi, dans des termes qui donnent une idée plus modeste et peut-être plus conforme à la réalité, du « luxe » de son ami. L’appartement, rempli de meubles gigantesques et somptueux, était situé sous les combles, et se composait de deux chambres et d’un cabinet. Le loyer ne dépassait pas trois cent cinquante francs :

« Je revois en ce moment la chambre principale, la chambre à coucher et cabinet de travail, uniformément tendue sur les

  1. Notes de M. Prarond.