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i — Evidemment si les peuples rangent dans la catégorie dite Religion les idées les plus générales ou les plus voisines de Dieu, celles qui embrassent le plus grand

’ nombre d’idées secondes, les plus grosses en un mol il faut bien que leurs croyances, — et disons même les vôtres ou les miennes — soient ou puissent être mères de nos opinions littéraires. — Et pourtant votre préface — comme Euclide — force l’assentiment des esprits les plus dissemblables — preuve qu’il y a dans tous de grandes lacunes. Quoi qu’il en soit, c’est un beau poème et si on vous l’a déjà dit vingt fois, il faut vous le dire une vingt et unième. — Pourquoi n’avezvous pas nommé hautement le nid de ces professeurs jurés — ces Débais, citadelle des cuistres — ennemis nés de toute poésie ? — Et cette joie que vous m’avez donnée si vive a été d’autant mieux reçue que je suis depuis trois jours dans la désolation de la chute de notre ami Champfleury. — Il me semble qu’il déserte de plus les régions de l’art et du beau, du style et du roman, pour se voir et se décrire à la loupe.

C’est un lieu commun, très commun de dire que le Bien, le Beau, le Vrai sont un et constituent la Réalité inommée, indicible, le soleil des intelligences, rame des âmes — et comme poète vous avez légitimement horreur du lieu commun ; mais pour trancher d’un mot le débat, vous l’auriez habillé d’une manière originale et montré que celui qui voit la réalité en vrai ne la voit pas en beau — ou n’est pas poète, c’est-à-dire assez poète — et par conséquent que l’art enseignant ou moralisant est encore un carré rond — comme nous en avons tons des milliers dans l’esprit.