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devine que vous ne me voulez peut-être pas trop de mal, ainsi ne prenez pas trop de peine pour moi. Quand j’aurai terminé le premier volume de iras, je vous en enverrai un exemplaire. Je ferai, avec votrei permission, une étude sur vous : si vous ne la trouva pas bien faite, vous la brûlerez, et il n’en sera plus question. Je n’ai pas d’amour-propre, quand j’ai mal écrit, maintenant, je vous l’assure. Vous vous êtes affirmé davantage dans votre étude sur Wagner 1 que dans celle de Gautier : tant mieux ! Ça pleut déjà dru comme mitraille et de la hautaine façon, ça m’a ranimé. Dans dix ans, il ne restera pas cinquante pages des romans à reconstruction de faits, quand on ne juge que le fait… Et au revoir. Pardonnez le griffonnage ; je l’ai effacé parce qu’il était dogmatique et que je n’ai rien à vous apprendre.

» Encore un Post-S. — À propos de l’étude dont je vous parle, ne pensez pas que je veuille recommencer la fable de Y Ours et du Jardinier. Je n’ai plus le même stvle du tout, comme de raison, quand j’écris une lettre et lorsque j’écris une page littéraire. Vous ne me jugerez pas sur mon déplorable bouquin, et vous aurez de l’indulgence. Je vous aiïirme que je fais du beau et du très beau, dans ce moment-ci et que vous n’en serez peut —être pas mécontent : vous serez même étonné de la différence, je ne crains pas de vous le dire, si vous voulez bien y jeter un coup d’oui.

(i) L’article de Baudelaire : Richard Wagner et Tannhauser, parut en 1861 et Isis, pour la première partie, en 1862. Cette lettre peut donc être datée approximativement Gi-62.