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perbes ! Comme on se sent de votre avis en vous lisant ! Comme vous savez bien vous écouter impersonnellement dans celui qui vous lit ! Je vous admire.

» Je me suis rencontré avec vous au sujet de Wagner, et je vous jouerai Tannbauser quand je serai installé dans votre voisinage. Le grand musicien peut réciter, lui aussi, ces vers de statue :

Contemple-les, mon âme, ils sont vraiment affreux ! Pareils aux mannequins, vaguement ridicules…

» Quand j’ouvre votre volume, le soir, et que je relis vos magnifiques vers dont tous les mots sont autant de railleries ardentes, plus je les relis, plus je trouve à reconstruire. Comme c’est beau, ce que vous faites ! La Vie antérieure, Y Allégorie des vieillards, la Madone, le Masque, la Passante, la Charogne, les Petites Vieilles, la Chanson de V Apres-midi, — et ce tour de force de la Mort des Amants, où vous appliquez vos théories musicales. \J Irrémédiable, commençant dans une profondeur hégélienne, les Squelettes laboureurs, et cette sublime amertume de Réversibilité, enfin tout, jusqu’au duo d’Abel et de Caïn… C’est royal, voyezvous, tout cela. Il faudra bien que, tôt ou tard, on en reconnaisse l’humanité et la grandeur, absolument… Mais quel éloge que le rire de ceux qui ne savent pas respecter’. Ne vous irritez pas de mon enthousiasme ; il est sincère, vous le savez bien.

» P. S. — Ne m’écrivez pas, je vous en prie : l’Art îst long et le temps est court ; je le sais aussi bien que >ersonne, moi qui travaille dix beures par jour à l’aire me page de prose ; nous n’avez rien à me dire, et je