Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sons de penser qu’en dehors de ses liaisons féminines[1], Charles fréquentait des bohèmes de la pire espèce, vers lesquels l’attirait sa curiosité des côtés mystérieux du Paris dépravé. Mme Aupick, qui recevait chez elle plusieurs des camarades de son fils, M. Le Vavasseur entre autres, frémissait à la pensée qu’il ne trouvait pas, chez ses amis de l’autre catégorie, ces principes d’honneur et de délicatesse qu’elle était heureuse de reconnaître chez ceux dont elle l’encourageait à s’entourer uniquement.

De plus, elle ne pouvait estimer à sa vraie valeur un travail intellectuel très réel, mais qui ne donnait pas encore de résultats palpables et n’en donnerait de longtemps, le jeune poète étant trop épris de la perfection pour consentir à livrer au public des essais qui n’étaient, à ses yeux, que d’informes ébauches, en comparaison des chefs-d’œuvre qu’il rêvait.

D’autre part, le général redoutait pour l’avenir de son beau-fils une oisiveté prolongée qu’un patrimoine modique rendait doublement dangereuse.

    (Féli Gautier, Documents sur Baudelaire, Mercure de France, 15 janvier 1905.)

  1. Les intimes du poète s’inquiétaient eux aussi. V. à l’Appendice, I, les vers dédiés par MM. A. Dozon et Auguste Prarond « à un ami, » et qui mettent en cause, directement ou par allusion, cette Sarah.

    — « Ci-gît qui, pour avoir par trop aimé les gaupes,
    Descendit jeune encore au royaume des taupes. »

    — Vous ai-je rapporté cette épitaphe de Baudelaire par lui-même, — je la tiens de lui, — dans sa 20 ou 21e année ? »
    (Notes de M. Dozon.)