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mais une petite infamie, car il a mis l’honnêteté enjeu. Dans tous les cas, j’ai la Némésis très lente et très boiteuse. »

tant de place que l’esprit, comprit dans quelle fausse situation il allait se trouver vis-à-vis de son puissant ami qui, le sachant en très bons termes avec Babou, le soupçonnerait peut-être d’avoir inspiré la calomnieuse attaque.

Cette pensée le désespérait. On trouvera dans ses Lettres (février i85g), quatre billets, deux à SainteBeuve, un à Malassis, un autre à Asselineau, où il proteste vivement contre le procédé de Babou.

Sainte-Beuve lui-même était fort en colère, mais l’affolement de Baudelaire lui était un garant suffisant de sa bonne foi. C’est alors qu’il écrivit à son v( cher enfant n le billet du 5 mars 1859.

Ce billet semblait clore l’incident, et la guerre paraissait assoupie, quand, un an plus tard, presque jour pour jour, dans un article du Moniteur, en date du 20 lévrier 1860, Sainte-Beuve protesta violemment contre l’outrage que Babou lui avait fait. C’était jouer de malheur, car, dans le même temps, son agresseur s’apprêtait à réparer indirectement son tort : en effet, Babou, en revoyant les épreuves des Lettres satiriques et critiques, où il réunissait ses dernières pages, venait, sur les instances de Poulet Malassis, leur éditeur, de retrancher la phrase injurieuse que nous avons citée. À peine eut-il connaissance de l’article du Moniteur qu’il s’empressa de riposter par ce postscriptum, à la fin de son livre : « Comme M. Sainte-Beuve (article du Moniteur, 20 février) a pris occasion de cette phrase, qui lui a déplu, pour m’adresser quelques invectives de professeur, je rétablis ici, purement et simplement, les mots oubliés, sans autres représailles. Paris, 16 mars 18G0. »

Toutes les haines s’apaisent, même les haines littéraires. Un jour vint où Sainte-Beuve, cédant à sa cons